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Saint-Amand-les-eaux (Nord) - 5 et 6 juin 1976

(Vu de l’intérieur)







Le film de sa course (texte de Jean-Patrick Ordonneau) :

"Le samedi matin, lors des essais chronométrés, je pris connaissance non seulement du circuit, mais aussi de la voiture. Depuis environ quatre ans je n'avais pas conduit de 2CV et, croyez-moi, cela change beaucoup.

Dès les premiers tours, la poussière envahit l'habitacle, pénétrant dans mon casque intégral et me suffoquant littéralement. Pour les manches suivantes, je m'appliquais un torchon humide sur le visage et son efficacité fut des plus appréciables.

Mon temps aux essais me plaça sur la quatrième ligne pour la première série de qualification de l'après-midi. J'étais très content de ne pas me retrouver dernier.

Avec les manches de qualification les choses sérieuses commençaient. Sur la grille de départ, placé à la corde, j'avais un peu le cœur serré. J'appréhendais les trois premiers virages en peloton compact.

Le drapeau tricolore libéra les petites voitures. En quelques mètres un nuage de poussière me voila le circuit et mon regard n'alla plus que des bottes de paille qui défilaient sur ma droite à l'aile bleue qui se rapprochait dangereusement de mon flanc gauche.

Je ne vis le virage à droite qu'une fois dedans. Dans une confusion terrible je levais le pied pour freiner afin de ne pas percuter le concurrent qui me précédait. Fatale erreur... car celui qui me suivait de près n'en fit pas de même.

Tandis que je me faisais prendre la corde par mon voisin de gauche, celui de derrière me poussa, bien malgré lui probablement, et c'est aussi involontairement que je rentrais dans la voiture qui me précédait.

Mon plus grand étonnement fut, en enfonçant la pédale d'accélérateur, de sentir mon moteur repartir et mes roues avant bondir hors de ce virage, à l'attaque du suivant. Après de tels chocs, il me semblait irréel qu'une voiture puisse continuer à avancer.

Et je n'étais pas au bout de mes peines. La course ne fut qu'une succession de sauts et d'atterrissages violents qui me menèrent à la septième place. A une place près, je ne me qualifiais pas pour les demi-finales de nuit.

Il ne me restait plus qu'à attendre le lendemain pour remettre ça. En attendant, j'avais cassé un support moteur et froissé mes ailes.

Il se produisit alors une chose inattendue : les concurrents vinrent me voir pour me donner des conseils et m'encourager. Jean-Michel Fouquet proposa aux mécaniciens de Citroën de régler mon niveau de cuves du carburateur. Victime comme moi de ratés dus aux bonds qui faisaient déjauger la voiture, il avait obtenu de meilleurs résultats en effectuant ce réglage.

Personne ne demandait à un Fouquet ou à un Butet de venir me trouver pour me conseiller. Sur la piste, je risquais de leur ravir une place, voire des points au trophée. Mais le 2CV cross est entièrement constitué de pilotes comme ceux-là. Ils se battent comme des lions dans les "esses" du circuit et s'aident dans le parc. Se tirer des bourres ne veut pas dire se maudire.

Le dimanche, la chance se mit de mon côté. Qualifié dans la seconde manche de qualification, j'eus la joie de courir la finale des 602 cm3 et de la terminer bien placé. La raison en est simple : les leaders ayant cassé et abandonné sans coup férir, je remontais au classement.

Une septième place en finale me permit d'être qualifié pour la super finale. Ma joie était à son comble. D'abord cela me permettait de courir encore une fois et surtout cela me permettait de vivre la course de l'intérieur.

Je me suis surpris heureux de mes qualifications comme aurait pu l'être un concurrent. Peut-être même un peu plus d'ailleurs.

J'ai passé deux jours à m'amuser follement au volant de cette "Deuche" dont on ne dira jamais assez qu'elle est extraordinaire. Si vous ne me croyez pas, venez essayer une fois une 2CV de cross et vous comprendrez très vite que je ne vous dis pas tout.

Je conseille tout particulièrement le 2CV cross à tous ceux qui prétendent que d'être assis derrière un volant n'est pas un sport.  Avis aux amateurs !"

Jean-Patrick Ordonneau, journaliste à "Échappement".

A l'époque, Jean-Patrick Ordonneau est journaliste à la revue "Échappement" et rédige entre autres tous les reportages des courses de 2CV cross.

Ce jour là, le service compétition de Citroën lui prête une 2CV préparée pour la circonstance.

Une poussière qui rappelait l'Afrique.

Rémy Cordebar, déchaîné mais malheureux.

En 602 cm3 comme en 435, la lutte n'a jamais faibli.

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